Impossible de désactiver totalement la traque : la localisation, c’est le passager clandestin de nos smartphones. Qu’on la coupe ou qu’on la limite, elle trouve parfois un chemin détourné pour continuer de suivre nos déplacements. Certains appareils, même privés de géolocalisation “officielle”, laissent circuler des données via des services système ou des apps tierces, sans crier gare. Et pour brouiller encore plus les pistes, chaque marque, chaque version d’Android ou d’iOS, réinvente ses menus de confidentialité à chaque mise à jour, parfois sans prévenir. Au final, l’utilisateur se retrouve souvent loin du compte, comme le dénoncent la CNIL ou l’EFF, qui pointent les écarts entre les promesses affichées et la réalité technique.
Plan de l'article
Pourquoi la localisation s’est rendue indispensable à nos usages
Sans mot dire, la géolocalisation s’est imposée partout. Pour retrouver le meilleur itinéraire, repérer un restaurant tout près ou attendre une livraison rapide, elle intervient à chaque étape. Les applis de cartographie, réseaux sociaux et même la météo ne s’en privent pas : toutes misent sur la position pour peaufiner recommandations et expérience utilisateur.
Pour déterminer où nous sommes, iOS et Android combinent divers capteurs : GPS, Wi-Fi, Bluetooth, antennes mobiles. Ces données, recoupées en temps réel, grossissent de vastes bases conçues pour optimiser navigation, publicité et services annexes. Avec Android, les services de localisation Google s’appuient sur ce flux massif, échangent, mutualisent… et parfois commercialisent la donnée, jusqu’à lui donner une seconde vie.
Voici trois usages où la localisation est systématiquement sollicitée :
- Recherche du parcours optimal pour chaque déplacement, en voiture, à pied ou à vélo
- Suggestions d’établissements ou d’événements, basées sur les lieux fréquentés
- Publicités ajustées géographiquement, pour coller au contexte du moment
Mais chaque partage de position alimente notre jumeau numérique, point par point. Certes, les paramètres de confidentialité permettent de donner son avis sur la collecte, mais le périmètre reste maigre. Les fournisseurs de services justifient la collecte par la promesse de fonctionnalités accrues ; les associations de défense insistent sur la difficulté d’effacer toute trace après coup. Gérer ses données de localisation, c’est donc choisir entre confort, personnalisation et discrétion numérique.
Les réglages de géolocalisation sur iOS et Android : mode d’emploi
Sur iOS, la gestion de la localisation passe par le menu “Confidentialité et sécurité” dans les Réglages. On peut paramétrer application par application : refuser l’accès, demander l’avis de l’utilisateur à chaque fois, ou accepter en permanence. Il est également possible de n’autoriser que la localisation approximative, pour ne pas révéler une position exacte. Apple joue la carte de la clarté en affichant une icône dédiée quand une app utilise cette fonction.
Du côté d’Android, l’accès commence dans le menu “Paramètres”, rubrique “Localisation”. On choisit d’activer ou de couper la localisation pour tout l’appareil, puis on peut adapter les permissions appli par appli. Android propose aussi de bloquer la localisation en arrière-plan ou durant la veille. Mais attention : certains services, comme Google Play, continuent parfois de recueillir la position de l’appareil, même si l’application principale ne sollicite rien.
| Réglage | iOS | Android |
|---|---|---|
| Accès par application | Oui | Oui |
| Localisation précise | Oui | Oui |
| Gestion du fond/veille | Oui | Oui |
La question de la confidentialité ne se règle donc pas d’un claquement de doigt. Chaque marque propose sa navigation, ses termes et ses détours, parfois modifiés à chaque nouvelle version logicielle. Pour limiter la collecte, il faut régulièrement mettre le nez dans ces réglages, et ne jamais s’endormir sur de vieilles habitudes.
Activer ou désactiver la localisation : quels effets concrets sur le quotidien ?
Plus de personnalisation, mais à quel prix ?
En gardant la localisation active, on privilégie la fluidité : l’itinéraire s’adapte, les recommandations se précisent, le livreur ne cherche plus votre porte. Tout suit le rythme du moment, tout s’ajuste à l’environnement. Mais derrière cette apparente évidence, chaque trajet, chaque recherche, chaque geste se retrouve répertorié et transmis à des sociétés qui en tirent parti.
La publicité, jamais très loin
Ce choix a un revers : la publicité ciblée s’invite dans tous les espaces numériques. Les annonces et les résultats s’harmonisent avec la localisation, jusqu’à afficher la promotion à deux coins de rue, ou suggérer l’offre du moment. Certaines applications misent toute leur stratégie sur la géolocalisation, exploitant la précision du signal pour personnaliser chaque interaction.
Concrètement, cela se traduit ainsi au quotidien :
- En désactivant la localisation, on perd l’accès aux calculs d’itinéraires en direct, aux suggestions personnalisées et au partage de sa position avec ses proches.
- Le volume de données transmises aux services Google diminue, sans toutefois supprimer totalement la collecte, certaines fonctions, comme Google Play, continuent à tourner en tâche de fond.
- Utiliser un mode navigation privée n’empêche pas toujours la récupération de la position, selon le modèle du téléphone ou la configuration choisie.
Trouver le bon réglage de la localisation, c’est une affaire de compromis : profiter de services affinés sans glisser totalement sous la loupe numérique.
Aller plus loin : ressources et réflexes pour protéger sa vie privée
Personne ne peut se permettre de délaisser la question de la confidentialité. Apprendre à reconnaître les risques et à limiter la circulation de ses données personnelles devient presque un réflexe à cultiver.
Quelques habitudes très accessibles améliorent l’équilibre entre sécurité et commodité numérique. Garder ses systèmes et applications à jour permet de réduire les vulnérabilités. Surveiller l’accès aux capteurs (GPS, micro, gyroscope) dans les paramètres limite la circulation d’informations sensibles. Et quand la localisation ne sert plus, la désactiver s’impose. Accorder une autorisation à une app n’a rien d’anodin : chaque éclaircissement sur l’usage des informations personnelles compte réellement.
Se connecter à un réseau Wi-Fi public? La prudence est de mise : l’idéal est de passer par un VPN pour protéger ses échanges, et d’éviter toute opération sensible ou connexion à des services bancaires sur un point d’accès ouvert.
Ces quelques conseils restent précieux pour renforcer sa sécurité numérique :
- Prendre l’habitude de vérifier les paramètres de sécurité et de sauvegarde du téléphone, de façon régulière
- Réserver le partage de son numéro de téléphone aux situations et services qui le justifient vraiment
- Se tenir informé, via des sources fiables, sur l’évolution des risques et des dispositifs de protection
Adopter une démarche de confidentialité, c’est accepter de revoir ses automatismes, questionner ses usages et, peu à peu, reprendre la main sur ce que l’on montre ou laisse dans l’ombre. Apps, menus, notifications : tous ces choix dessinent le visage de notre quotidien connecté. À chacun de fixer ses propres limites avant que d’autres, à force de mises à jour, n’en décident.


